Texte : Bravo et merci pour ce retour d expérience qui confirme des expériences assez anciennes pour moi à l époque où ces appareils étaient neufs. J ai passé plusieurs mois d été dans deux belles enseignes Parisiennes, Odéon-Photo qui avait une boutique “Cinéma“ qui communiquait avec le magasin principal et Photo-Mourette qui était une des plus anciennes bonnes adresses de Paris. La luminosité des projecteurs obéit à trois principes qui peuvent s additionner dans le cas des meilleurs, comme c est le cas du Beaulieu. 1° L entrainement. Laa plupart des projecteurs amateur ont un mécanisme d‘entraînement synchrone où le temps de déplacement de la pellicule est symétrique du temps d exposition. Les projecteurs professionnels utilisent un mécanisme asynchrone, la Croix de Malte, pour déplacer le film en un temps beaucoup plus court que son temps d exposition. Cela ne change en rien la cadence de projection, mais chaque image est exposée beaucoup plus longtemps. Par analogie c est le même principe que celui des caméras XL. En projection, vu que l on projette des images fixes, l idéal serait de pouvoir les exposer aussi près que possible de 1/18e de seconde. Dans la pratique les projecteurs comme le Beaulieu exposent chaque image à 1/23e de seconde environ quand un projecteur basique l expose 1/36e de seconde. 2° La boîte à lumière J entends par là autant la lampe que la “cage“ à l intérieur de laquelle elle se trouve. Un réflecteur argenté plutôt qu aluminisé, une traque des fuites de lumière, sont aussi importants que la lampe elle-même. Dans le cas des projecteurs utilisant une lampe et un miroir séparé, c est tout le savoir-faire du constructeur du projecteur qui est en jeu, dans le cas d une lampe à réflecteur incorporé la qualité de la lampe devient très importante. Par ailleurs, dans la gestion de l éclairage, le maintient d une faible tension de chauffage du filament, typiquement 1,5 Volts pour une lampe de 8 Volts ou 2,8 Volts pour une lampe de 15 Volts préserve le filament, évite les pertes de matière du filament et prolongent la durée de vie de l ampoule. Un survoltage, progressif, est parfaitement tolérable, une lampe de 12 Volts peut très bien fonctionner à 14,4 Volts, les 20% de tension supplémentaire se traduisent par une meilleure luminosité et une température de couleur légèrement plus élevée. Sur une ampoule halogène on passe ainsi de 3200°K Type B à 3400°K Type A . 3° L objectif de projection. L objectif joue en plusieurs points. D abord son ouverture. Il est clair qu un objectif ouvert à ƒ1,1 sera plus lumineux qu un objectif ouvert à ƒ1,3. Pour autant cela implique un plus grand contrôle en sortie de chaîne car assurer une netteté identique sur tout le champ à ƒ1,1 est autrement plus problématique qu à ƒ1,3, et le risque est également important que la luminosité soit moins homogène entre le centre et les bords de l image avec l objectif le plus lumineux. Le deuxième point sur lequel un objectif a un rôle déterminant dans la luminosité c est la focale. Plus la focale est importante plus l objectif concentre la lumière, plus il est grand angulaire et plus il la diffuse. Je suis confronté régulièrement à ce sujet en utilisant mon agrandisseur photo. Afin de pouvoir faire des agrandissements plus importants, il m arrive de troquer mon 50 mm pour un grand-angle de 40 mm. La première fois ça surprend car, outre le fait de pouvoir tirer du 24 x 30 sans être “en bout de colonne , la perte de luminosité est impressionnante. À ouverture de tirage égale, vers ƒ8 le temps d exposition est doublé pour un tirage de même taille avec le 50 mm, en 18 x 24 cm par exemple. C est-à-dire que le gain en lumière apporté en approchant l agrandisseur du plateau est plus que perdu par rapport à la perte liée à la construction optique. En cinéma il en est de même. Inutile de chercher plus loin pour comprendre pourquoi certains constructeurs livraient leurs projecteurs avec des zooms 15-25 mm ! Certes une focale plus courte permet une image plus large mais c est au prix d une perte de luminosité. Enfin le dernier point sur lequel l objectif à un rôle dans la transmission de la lumière c est sa qualité. Moins il y a de lentilles, moins il y a de pertes. Une focale fixe de 20mm sera toujours plus lumineuses qu un zoom à mi-course. Ensuite il y a la qualité des verres, pour autant que ce soit bien du verre. Entre un verre qui transmet 92% de la lumière et un autre qui monte à 98% l écart est énorme surtout multiplié par le nombre de lentilles et d espaces d air entre les lentilles. Enfin il y a le traitement interne du fût de l objectif, les objectifs tout métal des années 60 multiplient les réflexions internes qui font perdre à la fois de la lumière et de la définition. L intérieur de l objectif doit être noir mat comme c est le cas des objectifs récents. _______________ Quand on a la chance que le projecteur optimise chacun des 3 groupes de critères on tient une pépite ! Le Beaulieu cumule pratiquement tous les avantages, un entrainement asynchrone, une boîte à lumière élaborée, une couverture plus large que le champ du Super-8, un presseur optionnel 16/9 était disponible pour projeter les films tournés avec les dernières Beaulieu qui utilisaient toute la largeur du film, la partie dévolue à la piste son étant utilisée pour l image. S y ajoute un très bon objectif et une remarquable construction. Mais il coûtait une petite fortune qui le mettait hors de portée de la plupart des amateurs, fussent-ils passionnés.
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