Comment fait-on un film ? Que ressent-on lorsque l’on est cinéaste ?
Ce sont ces questions et la recherche de réponses que la narratrice met en scène. Elle nous invite à être les témoins privilégiés de la fabrication de son film ; en même temps qu’elle nous donne à entendre les paroles et à voir les visages de quelques-uns des plus grands cinéastes d’aujourd’hui.
Vingt-deux cinéastes vont se prêter au jeu du miroir parmi lesquels des noms aussi prestigieux que Emir Kusturica, Stephen Frears, Mike Figgis, Abel ferrara ou encore Spike Lee.
Pour ce faire, la narratrice choisit un dispositif visuel et sonore (images dissociées du son) et comme format de tournage la super 8, symbole de l’origine du cinéma, du voyage, de la mise en scène de famille et marque du premier film. Dès les premières images, des surimpressions, du noir, du vert, des lumières qui scintillent et une voix qui surgit comme un cri, c’est un ordre hurlé par Ferrara : - « Shoot something baby ! Shoot…You never know what you get ! Shoot it anyway ! Shoot or you gonna be shot !
Le film commence et nous sommes perdus, d’emblée perdus. La mise en abîme est installée. D’un pays à un autre, d’un visage à un autre les images se succèdent, incertaines, fébriles, elles sont tour à tour brûlées, sous-exposées, floues, et si peu différentes où que l’on se trouve. New York, Bombay, Buenos Aires, Cuba ont été traversées et toujours ce même sentiment d’appartenance à un ensemble. La caméra sans jamais se poser vraiment observe et capte.
Ce sont des ressentis, des bribes d’intime qui nous sont donnés à entendre plus qu’un discours didactique sur le cinéma. Les cinéastes nous apparaissent fragiles ; comme dépouillés de leur sacre…Ils sont en prise avec leur corps, en prise avec leur liberté. Ils regardent la caméra, nous regardent et se livrent.
Doucement, imperceptiblement, le dispositif (super 8 / son off), austère et contraignant, nous emporte. Il impose une distance ; il creuse les propos off des cinéastes pour nous faire ressentir plus intensément que le cinéma ou l’acte de faire des films n’est qu’un souffle, une hésitation, un doute et une pensée de chaque instant, on ne peut s’extraire du cinéma : “ Je ne vois pas la différence entre les moments où je tourne et ceux où je ne tourne pas. Mais quand je tourne, je m’amuse beaucoup plus. J’aurai dû faire plus de films » nous dit Bertolucci.
Aucun des grands cinéastes n’a de réponses concrètes à donner à la narratrice. Le film nous montre qu’il n’y a pas de méthode ni de vérité cinémathographique. Il y a tout au plus des âmes qui cherchent encore et encore et qui essaient avec les moyens du cinéma de nous amener au- delà des frontières, au-delà de nous-mêmes.
There is no direction nous amène dans un monde d’images libres. La narratrice après avoir ressenti et vécu cette expérience de cinéma d’une manière si intime; délaisse les seuls visages pour ne garder que les voix et s’attarde sur un nuage qui passe, perd son regard sur les toits de New York, dessine lentement des pyramides à l’horizon du désert égyptien ; alors la phrase de Monte Hellman résonne comme la seule réponse possible à l’acte de faire un film « Always do what you Love…».
Tourné en Super 8 Kodachrome40 durée : 35mn.
Sortie le 15 Novembre au Racine Odéon
6, rue de l'école de médecine 75006 Paris
SĂ©ances les Mercredi, Jeudi, Vendredi Ă 13 heures
Le Samedi Ă 18 heures
textes extraits du site Internet : http://www.thereisnodirection.com/