15/10/2018 à 15:23
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La Canon 1014 Autozoom Electronic est une caméra muette, sortie quelques mois après la 814 AE dont elle est dérivée.
Elle ne prend la place d’aucun modèle antérieur et n’a fait l’objet d’aucun remplacement par Canon lorsque la gamme 1976 apparaît, c’est donc un modèle unique commercialisé de début 1973 à fin 1976.
De la 814 deuxième mouture dont elle dérive elle reprend le boîtier allégé, la poignée et l’ergonomie générale, mais également une qualité de construction en retrait sur celle de première 814 sortie en 1967.
Un examen côte à côte d’une 814 AE et d’une 1014 AE montre que la partie gauche du boîtier s’est toutefois épaissie pour loger les commandes et la motorisation des fonctionnalités avancées, surimpression et fondu/enchaîné.
La partie droite a également été modifiée et un renflement permet de loger deux piles supplémentaires, lesquelles sont indispensables au fonctionnement de cette caméra qui de fait est alimentée en 9 Volts et non plus en 6 comme la 814 AE, toutes les piles étant électriquement mises en série. La cellule est alimentée par l’alimentation générale et non plus par des piles spécifiques comme la première 814.
Le ralenti qui est de 40 im/s sur la 814 AE passe à 54 im/s sur cette machine plus performante.
Enfin, l’objectif est une version « améliorée » de celui qui équipait déjà la 814 et la plus confidentielle DS8-3.
De 7,5mm la focale la plus courte descend à 7mm et de 60 mm la plus longue culmine à 70 mm.
L’ouverture de ƒ1,4 reste maintenue, mais cette ouverture n’est réaliste que sur les focales les plus courtes, au-delà de 40 mm l’ouverture réelle glisse un peu et moins lumineuse.
Tout cela se paie par un embonpoint certain, pas forcément bien réparti car la caméra n’a pas été redessinée entièrement, et d’un objectif beaucoup plus long que celui des 814.
Néanmoins lors de sa présentation fin 1972 cette caméra offre une fiche technique alléchante et un éventail de possibilités plutôt riche quoique que plus « photographe » que « cinéaste ».
Avec le recul elle apparaît comme le « brouillon » de la Nikon R10 sortie quelques mois plus tard (lire le comparatif !)
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Ses points forts :
• Une qualité de fabrication encore correcte (la 814 première série était beaucoup mieux construite) qui se paye par un poids élevé, un peu plus de 2 kg avec les piles et un film, soit 450 grammes de plus que la 814 AE.
• Le système d'entraînement est classique mais bien construit et autorise les fondus/enchaînés (par l’obturateur) et la surimpression, tout cela sur environ 50 images (ce qui n’est pas beaucoup, mais suffisant).
• L'objectif fixe est lumineux il ouvre à ƒ1,4 mais cette ouverture n’est pas maintenue en longue focale.
• La commande de zooming manuelle est bien pensée avec un commutateur à 3 positions, deux vitesses et un débrayage.
• Le système d'exposition automatique est suffisamment élaboré et se comporte bien même dans des cas difficiles.
• La caméra accepte les chargeurs de 16/25 à 250/400 Asa Daylight/Tungten par plots de contacts, on peut s’adapter à des films plus sensibles (si on en a…) en jouant avec l’obturateur variable.
• Le débrayage de l'automatisme est plutôt bien pensé, mais il ne conserve pas la valeur d'expo de la cellule et revient obligatoirement à pleine ouverture.
• L'obturateur variable est également bien pensé avec deux valeurs indexées à demi-ouverture et au quart.
• Le viseur est "grand", lumineux et très complet, avec notamment le rappel de l’ouverture de l’obturateur, la mise au point est très facile, c'est un vrai plaisir de cadrer avec cette caméra.
• La compensation d'expo autorise +1 et +2 diaphragmes et est très simple à manipuler.
• Ralenti à 54 im/s accessible par simple pression sur une touche.
• La prise de télécommande (électrique) est universelle et il est facile aujourd’hui d’interfacer cette caméra avec des équipements modernes (intervalomètres, télécommandes, smartphone….).
• La caméra est dotée d’une synchro-flash….mais sans sabot de fixation ni pose T.
• La poignée est mobile ce qui facilite le rangement et l’utilisation d'un pied, car on peut filmer poignée repliée.
• On retrouve quelques « goodies » que Canon avait supprimé lors de la sortie de la seconde 814 en 1972 mais dont la première version de 1967 était pourtant équipée : volet d’oculaire et réglage dioptrique plus efficace.
• L’escamotage manuel du filtre de conversion sur les films Tungsten est faite par une vis rouge à prendre sous la semelle pour la placer sur le dessus de la caméra (attention à ne pas la perdre !).
• L’objectif fourni des images contrastées, avec une excellente définition et pratiquement aucune déformation. Les tonalités sont un peu chaudes, ce qui convient bien aux pellicules « froides » comme l’Ekta 64T.
• La zone filmée correspond bien à la zone cadrée, ce n’est pas si fréquent en réalité.
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Ses points faibles :
La qualité de fabrication est assez inégale, elle est en retrait sur celle des générations antérieures (814, 1218…) et des soucis arrivent sur toute cette génération de Canon à déclenchement électromagnétique (et la suivante aussi…) avec les contacts de piles, la liaison électrique entre la poignée et le reste de la caméra, la tirette « manuel » et la commande manuelle des valeurs du faux diaphragme, le déclencheur électromagnétique justement qui peut devenir facétieux et rendre la caméra inutilisable.
• Le diaphragme n’est pas un vrai iris.
• Seulement deux cadences de prise de vues, 18 et 24 im/s, on est loin des Beaulieu, Nizo... même une Agfa Movexoom en fait plus !
• La commande d'obturateur variable est "trop" douce, et les index doivent être bloqués hors prise de vues à l’aide d’un verrou malcommode d’emploi !
• Il n'y a pas de pose T, et donc pas de pose longue...
• Le filtre ambré s'escamote automatiquement à l'insertion d'une cartouche Daylight (je préfère nettement l'escamoter moi-même...)
• Le bouchon d'objectif éclipsé en métal badgé Canon est mal conçu et interfère avec le pare-soleil qui ne vaut guère mieux ! J'ai acheté un bouchon clipsant Canon "moderne" et c'est nettement mieux ainsi !
• Le système de Fondu/Enchaîné fonctionne correctement, mais est peu intuitif, ce qui a conduit Canon à faire des exemples alambiqués dans une notice très complète mais mal traduite…et à implémenter une touche de « déblocage » !
• Le mode Macro n’est possible qu’à la focale de 7 mm.
• Pratiquement toutes les commandes utiles sont sur le même côté (gauche), sauf le zoom motorisé à droite mais en arrière, ce qui oblige à lâcher tout ce qu’on actionnait de la main gauche pour passer par au-dessus !
• L’objectif a des performances en retrait aux grandes ouvertures et lors de l’utilisation des focales les plus longues.
• Objectif fixe.
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Les points à surveiller lors d'un achat :
Cette caméra est vraiment bruyante et fait un bruit de crécelle, peu en rapport avec son statut de haut de gamme, mais elle ne doit pas « couiner » non plus !
Vérifier que la « vis-bouchon » rouge est bien présente sous la semelle
Vérifier les contacts électriques, notamment celui du compartiment situé en haut sur le flanc droit.
Vérifier que le diaphragme manuel fonctionne réellement sur plusieurs manipulations, si le système patine, le diaphragme revient inexorablement à pleine ouverture.
Vérifier à l’aide du testeur de piles que la caméra fonctionne poignée dépliée comme repliée.
Vérifier que la caméra s’arrête instantanément lorsque on relâche le déclencheur.
Vérifier que le zoom motorisé fonctionne bien en vitesse 1 et en vitesse 2, et que son débrayage est bien opérant.
En zoom manuel, vérifier qu’il n’y a pas de point dur sur la commande manuelle, ni sur celle de mise au point tant qu’on y est.
Vérifier le compteur d’avancement de film ainsi que le compteur de vues (il y a deux compteurs !).
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Et de façon plus subjective....
C'est une caméra très agréable à utiliser, si ce n'est son encombrement, son poids et une très mauvaise répartition des masses (et son inimitable bruit de crécelle).
Au moins, elle peut stationner sur une étagère, est très vite opérationnelle et ne décharge pas ses piles lorsqu’on ne s’en sert pas, faut-il encore penser à couper l’alimentation avec l’interrupteur.
Pour ce qui est des résultats obtenus c'est une question subjective, comme toujours.
Certes l'objectif est excellent et restitue de fins détails, mais il procure des résultats manquant d’homogénéité, s’avère hyper-performant entre 5,6 et 8 pour les focales allant de 10 à 30 mm environ. Au-delà de 30mm il est préférable de monter entre 8 et 11, et au-delà de 60 mm les résultats sont de toutes façons moins bons.
Même si c’est toujours plaisant d’avoir une caméra aussi complète, je conseille aux futurs acquéreurs de se poser sincèrement la question de leur besoin du Fondu/enchaîné ou de la surimpression. Si tel n’est pas le cas, une 814 de la même époque est pratiquement aussi bien dotée tout en étant beaucoup moins lourde, nettement mieux équilibrée ce qui est logique car c’est la 814 AE qui le design de base.
L’objectif de la 814 AE (18 lentilles en 13 groupes dont 11 verres spéciaux, au lieu de 19/13/9 sur la 1014 AE) ) fourni également des images plus homogènes, plus contrastées encore, et évite la zone des 60 à 70 mm où celui de la 1014 à ses qualités qui s’écroulent, et finalement ne rend que 0,5mm de focale « courte » ce qui est vraiment peu.
Cet objectif à la formule un peu alambiquée est également plus sensible au flare que celui de la 814 AE, le « diaphragme » carré n’arrangeant rien !
En fait, les meilleurs résultats en couleur que j'ai obtenu avec cette caméra c'est avec la Fuji 100D (Provia). Avec cette pellicule très neutre les résultats sont vraiment excellents.
Voici principalement ce que j'ai utilisé avec cette caméra :
• Ekta 64 T (7280) : expo correcte mais blocages de cartouches. Résultats corrects, le bleu du ciel est assez granuleux, ce film n'était pas un type A (3400°K) mais un type B (3200°K), mais la vigueur de l’objectif Canon donne des tons rouges et orangés très saturés.
• Kodachrome 40, hélas plus du tout utilisable, cette caméra en tirait magnifiquement partie.
• Ekta 100 D (7285) : Très bons résultats !
• Revuechrome 40 (aka Agfa Moviechrome 40) : très bons résultats, avec un contraste élevé et un bon respect des tons chair.
• Plus-X 7276 (encoche 40/25 Asa Daylight) : Bonne exposition. J’aurais aimé pouvoir laisser le filtre ambré !
• Plus-X 7265 : Exposition correcte, mais là aussi j'aurais bien aimé laisser le filtre ambré....
• Tri-X 7278 : Très bons résultats mais la définition un peu en retrait de l’objectif à pleine ouverture fait que les scènes en intérieur peuvent s’avérer ternes.
• Tri-X 7266 : Les résultats sont globalement meilleurs qu’avec la version précédente, la meilleure lattitude de pose autorise par exemple de filmer à ƒ2,8 là on on filmait à ƒ 2 avec la 7278 et l’objectif s’en sort mieux !
• FomaPan R 100 : Résultats excellents, les meilleurs de tout ce que j’ai testé en Noir & Blanc avec cette caméra, exposition parfaite, définition et balance des tons gris un peu inhabituelle (super-panchromatique).
À l’usage et malgré ses défauts, c’est une machine que j’utilise beaucoup et qui ramène de belles images. L’obturateur variable est vraiment une fonctionnalité qui permet de faire la différence, plus encore avec cette caméra du fait du « pic » de qualité de l’objectif entre 5,6 et 8 pour les focales les plus courantes. Le fait qu’ici (et sur la 814 AE également…) on puisse filmer au 1/172e de seconde pour 18/im/s est un vrai « plus » car cela permet de pouvoir utiliser l’objectif dans sa meilleure plage, tout en garantissant une lisibilité des mouvements incomparables avec ce qui est enregistré par une ouverture d’obturateur normale de 1/43e de seconde chez Canon.
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